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  • Philippe Prioton

Christian Bobin : “Peu de livres changent une vie. Quand ils la changent c'est pour toujours.”




L’auteur du « Très-Bas », est mort à l’âge de 71 ans, vendredi 23 Novembre 2022, dans sa région de Saône-et-Loire. Il voulait écrire un « traité du sourire ». Celui de ses chers disparus, propre à les maintenir hors des eaux noires de l’oubli, celui de l’enfant au berceau qui lui procurait un enchantement particulier.


L’homme lui paraissait « l’objet de méditation le plus profond possible ». Christian Bobin, mort à 71 ans d’un cancer fulgurant, vendredi 23 novembre, en Saône-et-Loire, n’en aura pas eu le temps. Cet écrivain laisse une soixantaine de livres, dont les titres se chuchotent amoureusement entre lecteurs. Des centaines de milliers de fidèles, de tous âges et de toutes conditions, aimantés par sa prose, qui rend leur vie plus poétique.


On l’a trop souvent présenté comme un ermite vivant au fond des bois. Il y a du vrai dans cette image, car il fallait prendre un chemin nommé Champ vieux et rouler vers la forêt du Petit Prodhun, où se trouvait sa maison aux volets bleus ou il vivait avec sa compagne et sa porte est toujours restée ouverte aux visiteurs.


Une simplicité, une légèreté, «la parole vraie», disait-il lui-même. Sa prose touchait une large foule de fervents lecteurs, épris d’une écriture qui parlait de lumière, de pureté, de beauté, d’amour et d’enfance.


«Il n’y a pas d’autre raison de vivre que de regarder, de tous ses yeux et de toute son enfance, cette vie qui passe et nous ignore».


Le poète n’a «jamais rien fait d’autre que de regarder» et «écrire est une branche de l’arbre du regard». Dans la Nuit du cœur, l’auteur passe une nuit dans la chambre numéro 14 de l’hôtel Sainte-Foy, qui donne sur un flanc de l’abbatiale de Conques.


C’est un observatoire sur le menu monde et lui reste l’impression d’avoir vécu une transfiguration à son retour chez lui, au Creusot (Saône-et-Loire). Dans cette ville ouvrière où il était né le 24 avril 1951 et qu’il n’avait quasiment pas quittée, Christian Bobin est mort à 71 ans.


On dit de lui que c’était le poète de la nature et des petites choses, un contemplatif mais aussi un sulpicien, car d’autres ont critiqué la candeur, les bons sentiments, les petits oiseaux et le ciel bleu bonheur.


Au début de ses ouvrages inclassables, ces romans qui étaient également de la poésie, ces récits qui se faisaient profession de foi, il était toujours précisé que Christian Bobin habitait Le Creusot (Saône-et-Loire). On l'imaginait, terré à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire), écrivain total : seulement en train d'écrire, en train de contempler, de se taire, sans se montrer, sans dire.


La Plus que vive, Le Très-Bas, La Folle allure... Ces titres posés là comme des ouvertures à la splendeur ont imprimé leur marque discrète et magnifique sur le paysage littéraire de ces trente dernières années.


Christian Bobin s'en est allé comme il a vécu, discrètement, lui qui savait si bien faire parler les silences et les émotions indicibles.


Il était entré en littérature avec Lettre pourpre à l'âge de 26 ans.

Christian Bobin est demeuré cet écrivain, non de l'ombre, mais de la lumière cachée.


Il y eut Donne-moi quelque chose qui ne meure pas (1996), Autoportrait au radiateur (1997), La Dame blanche (2007), La Grande vie (2014), et, tout dernièrement Le Muguet rouge (2022). Quelques pièces d'une œuvre dense et inclassable qui ont su renouveler, par la forme et par l'enjeu, la manière de saisir un visage, un moment, une vie, une enfance, le paysage littéraire français.


À La Part Manquante (1989) avait succédé Le Très-Bas, sur Saint-François d'Assise (1992), pour lequel il avait reçu le Prix des Deux Magots et le Grand Prix catholique de littérature. Dès lors, il avait intégré l'ample famille des écrivains qui comptent, en préservant sa marge, celle de la discrétion, de la grâce qui échoyait à chacun de ses livres.





(Source des articles : Marianne / Libération / Le Monde / Béatrice Gurrey / Hadrien Brachet / Frédérique Roussel)

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